ON EST UN MOUTON
On ne lit jamais les journaux
On surfe sur les réseaux sociaux
On ne lit pas non plus de livres
ET ça n’empêche pas « on » de vivre
On ne se pose pas de questions
Sur qui fait quoi et qui est « on »
A quoi bon ?
On répète juste ce qu’on entend
Car c’est beaucoup moins fatigant
Et réfléchir profondément
Ça prend du temps !
On regarde sa vie dans les yeux
Et on se résigne peu à peu
Et si parfois on en a marre
Il ya la bière et le pinard
Dans l’placard.
Petits commerces fermés
Pour la poste ça n’saurait tarder
Bientôt ce sera l’tour de l’école
Heureusement y reste la bagnole
Rouler coûte toujours plus cher
Mais c’est bon pour les actionnaires
Quand Total fera les totaux
Il alignera d’autres zéro
Sur notre dos !
Pour se trouver un emploi
Qui soit pas trop loin de chez soi
Faut accepter quelquefois,
Et cela qu’on le veuille ou pas,
N’importe quoi…
Payé avec un lance-pierres
Tout juste éviter la misère
Un travail sans autre intérêt
Que de survivre à temps complet
Au rabais…
Les enfants feront des études
En dépit des incertitudes
Quand l’étudiant et ses diplômes
Livre des pizzas en bête de somme
On consomme…
Beaucoup d’ados baissent les bras
Fin de collège c’est déjà ça
On essaiera l’apprentissage
Docilité en héritage
On est sage…
Mais pour certain il n’y a rien
Pas plus aujourd’hui que demain
L’avenir se dessine au quartier
Sur les murs tristes de la cité
Alors grosse bagnole et gros son
On peut frimer même sans pognon
Dans un centre ville à la con
Juste en vendant un peu d’chichon
Sans patron.
On s’imagine un monde de stars
Idoles du football en costars
Acteurs, chanteurs du show bizness
C’est fou les rêves qu’on caresse
On se la joue dur et méchant
Macho viril, un rien truand
Juste pour épater les gonzesses
On camoufle à mort sa tendresse
Quelle tristesse !
Mais le temps passe et on vieillit
On a de quoi devenir aigri
Les couleuvres qu’on a avalées
Deviennent vipères régurgitées
Par milliers !
Ainsi plus ou moins consciemment
On fini par haïr des gens
On désigne les boucs émissaires
Responsables de ses misères
Ordinaires…
On trouve de quoi crier sa haine
De l’autre, de la vie, de la sienne
On se découvre pion sur la piste
D’un cirque ultra capitaliste
Mais tout est vraiment compliqué
Et difficile à assumer
Rendre son voisin responsable
De ses problèmes insurmontables
C’est préférable !
On vit comme ça par habitude
Enfermé dans ses certitudes
On ressasse la même chanson
Celle des medias et des patrons
On est heureux dans sa prison
Dans sa petite vie en carton
On est un mouton.
Yves VEVIVRE, Alain TERNA.