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Passager clandestin

J’ai pas choisi sur terre

Le côté d’la frontière

D’où les humbles sont exclus

J’ai pas choisi de naître

En cherchant une fenêtre

Sur la plus belle avenue

J’ai pas choisi la France

Pour vivre mon enfance

Un pays inconnu

Aurait pu faire l’affaire

Le hasard s’est offert :

Cadeau de bienvenue

J’ai pas choisi de prendre

Les rues noircies de cendres

Les cités corrompues

J’ai pas choisi les routes

Encombrées de déroutes

Et d’illusions perdues

J’ai pas choisi les larmes

Versées dans le vacarme

Des cœurs qui s’entretuent

Ma tristesse est immense

Lorsque parfois je pense

Aux combats sans issues

Je suis sur cette planète

Juste une silhouette

Qui mène son destin

Sur ce rafiot trop frêle

Où les jours infidèles

Hésitent chaque matin

A te faire une place

Sur cette mer des Sargasses

A peine un strapontin

Je suis par idéal

Tout au fond de la cale

Je suis passager clandestin

J’ai pas choisi de vivre

Dans un feuilleton à suivre

On reste sur sa faim

J’ai pas choisi le thème

D’une vie de bohême

Pour l’amour sinon rien

Il passe toujours trop vite

Le bonheur qui s’invite

Sur le bord du chemin

J’ai pas écrit les pages

De mes plus beaux voyages

Sur de vieux parchemins

 

J’ai pas choisi le ciel

Ses couleurs éternelles

Que seule la nuit éteint

J’ai pas choisi le vent

Et les rires des enfants

Qu’il emporte au lointain

J’ai pas choisi l’soleil

Le coquelicot vermeil

Le parfum du jasmin

J’ai pas choisi la pluie

L’automne qui s’ennuie

La vie qui va, qui vient.

Je suis sur cette planète

Juste une silhouette

Qui mène son destin

Sur ce rafiot trop frêle

Où les jours infidèles Hésitent chaque matin

A te faire une place

Sur cette mer des Sargasses

A peine un strapontin

Je suis par idéal

Tout au fond de la cale

Je suis passager clandestin

Harry Véyersoart.

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