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Avaler sa langue, ça fait mal aux oreilles…

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Depuis quelque temps, je souffrais d’un malaise auditif, sans vraiment pouvoir le
caractériser. Une gêne persistante, surtout en écoutant la radio. Et puis récemment,
j’ai mis le doigt sur l’origine de cette douleur auriculaire. Je peux même aujourd’hui
coller un nom sur ce phénomène jusqu’alors inconnu : la Brogniartisation du langage.
Du nom de l’animateur TV Denis Brogniart (qui présente Koh-Lanta), au parler
scaractéristique, consistant à manger des pieds de phrases : « J’mentends, jnai rien
contlui », il articule comme il veut et comme il peut. Mais l’résultat n’est pas
formidablement beau. Pour vous donner une idée de l’étendue du mal, voici
quelques bouts d’phrases prélevées dssi dlà : « En smoment… » ; « ya ça
aussi… » ;  « sque vous dites… » ; « esse quillaura… ? » ; « ch’commence… » ;
« doul sentiment… » ; « dla gamme… »… J’minsurges cont ‘ stenlaidissement de
not’beau parler, qui consiste à manger des syllabes en début ou fin de mots,
généralement petits (en plus, c’est lâche !).
Le pire est que cette sale habitude touche de plus en plus de monde. Je l’ai repérée
la première fois dans une publicité à la radio, un spot pour une grande cause, dans
lequel un pseudo Denis Brogniart (le vrai ou une imitation, je ne le sais pas.) appelait
l’auditeur à faire un don. Et il terminait par un inimitable « chcompte sur vous ! ». Je
me suis dit que c’était pour faire genre, que ça permettait aussi d’associer un nom
populaire à une grande cause. Mais le phénomène se répand de manière virale.
Journalistes, animateurs, chroniqueurs censés défendre notre belle langue s’y sont
mis. Et les politiques aussi, à commencer par notre Bon, très Cher et Vénéré
Président Manu 1 er qui ne rate jamais l’occasion d’en croquer lui aussi, stoire dfaire

peuple…
Plus j’écoute et plus ça me choque. Je ne parle pas des vieux patois de nos terroirs
qui sont truffés de ces ptits étêtages et équeutages de mots. Ils en font toute la
saveur et la gourmandise. Alors, siouplait, rendons à Molière et à François 1 er ce qui
appartient à Molière, à François 1 er et à tous les Français (D’où qu’ils viennent, je
précise) : cette belle langue qu’est le François.


Ambroise de Vil Brequin

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